Le désenclavement numérique – et la résorption des zones blanches en est un facteur déterminant – est aujourd’hui essentiel dans les secteurs les plus ruraux, où il concourt du maintien des services publics. Jean-François LOVISOLO, Président de l’AMV, s’est donc adressé directement par courrier au Président de la République, lui demandant d’intervenir auprès des opérateurs, notamment pour qu’enfin ils proposent des offres Fibre après que les pouvoirs publics aient largement financé l’accès au réseau.
Monsieur le Président de la République,
S’exprimait, il y a quelques mois et avec une violence extrême, à travers le mouvement des gilets jaunes, l’exaspération des habitants de nos territoires péri-urbains avec l’expression forte d’un déclassement ou d’être laissés-pour-compte, oubliés par l’évolution d’un monde que nous avons, parfois, du mal à appréhender.
L’isolement numérique, les zones blanches en matière de téléphonie, est un élément de ce sentiment de déclassement et d’isolement.
Alors Ministre de l’Economie, vous aviez initié un plan de résorption des zones blanches, qui se poursuit en étroite collaboration avec les services de l’Etat.
En 2012, l’ensemble des acteurs publics s’est engagé pour permettre au Vaucluse de se doter de la fibre, et ainsi, connecter chaque habitant, et ce, en tout point du territoire.
Entre 2012 et 2021 ce sont 170 millions d’euros qui ont et seront investis, avec de fortes participations et un effort sans précédent, du Département, de l’Union Européenne, de l’Etat, de la Région et de nos intercommunalités, pour permettre au Vaucluse d’être à l’avant-garde de la révolution Très Haut Débit avec la mobilisation de tous les acteurs publics.
Mobilisation de tous, quelle que soit la majorité politique, de faire de notre territoire un territoire connecté et lutter contre cette fracture numérique. Pourtant sur Cabrières d’Aigues, petit village gaulois du Sud Luberon et sans doute dans tant d’autres, la fibre est installée mais les opérateurs, les fournisseurs d’accès les plus importants, ne communiquent pas d’offres aux usagers.
Peut-être n’ont-ils pas eu l’information que dans le département de Vaucluse, dans nos villages, il y a des habitants qui ont également besoin de communiquer; Ou peut-être, pour ces grands opérateurs la question de la rentabilité est-elle la seule valeur cardinale… je crains bien que oui.
ll faudrait qu’une instance de régulation rappelle à ces opérateurs qu’ici, en Vaucluse, 170 millions d’euros ont été investis dans un réseau public, et que la moindre des choses serait qu’ils se penchent sur la question.
C’est vrai que le désenclavement numérique, l’aménagement, l’égalité des territoires et des citoyens, et la bonne utilisation des deniers publics, sont bien peu de choses au regard des règles de rentabilité.
Monsieur le Président, cette question relève, à n’en pas douter, d’un ministère, mais, malgré la mobilisation des services préfectoraux, qui nous accompagnent sur ce dossier, je pense que nous avons besoin de votre engagement.
Nos territoires ruraux et péri-urbains appellent une intervention forte, déterminée et ferme de l’Etat pour faire entendre, à ces grands opérateurs, notre voix.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, I’expression de ma très haute considération.
Jean-François LOVISOLO
Président de l’Association des Maires de Vaucluse